Le manuel du Life Coach Analytique - Thème 3 : Autonomie et dépendance - un jeu de polarités

Parfois l’on perd la tête et l’on se met alors à sa recherche. Puis on finit par la retrouver pour la reperdre ensuite. Jusqu’au moment ou on décide de l’ancrer au reste du corps, à l’enraciner …


ce qui ne nous empêche pas de la galvauder à la première occasion. Reste à savoir pourquoi l’on ne cesse de jouer à cache-cache avec cette « tête » qui nous permet d’être conscient d’être qui l’on est.


Quand des personnes telles Sigmund Freud voient des petits enfants jouer à se cacher, ils prétendent qu’ils sont occupés à se préparer à quitter maman …


à vivre séparés de celle qui pourvoit à tous leurs besoins. Dans ce jeu sans fin, l’on se quitte pour mieux se retrouver, sans cesse, alors que dans la réalité, l’on sait que la seule fin prévisible de ce jeu est la mort …


« un jour maman ne sera plus là et tu devras te débrouiller tout seul », voilà ce qui se dit … sans le dire ! … car de ces choses-là – que personne n’ignore – l’on parle le moins possible.


L’on a même donné un nom savant, un nom presque enviable, à ce fait existentiel. Cela s’appelle l’ « autonomie ». Et c’est à son apprentissage que sert le jeu de cache-cache que joue tout enfant.


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D’après moi, l’assimilation de cette notion est difficile, car toute vie émane d’une fusion qui se perpétue dans le rapport intime que l’on établit avec un certain nombre de personnes … une sorte de communisme intime … let’s live together …


l’on doit en effet veiller à s’occuper constamment les uns des autres si l’on veut vivre en bonne santé et en bonne entente avec autrui.


Simultanément, chacun de nous est confronté au fait que « quelque part » il est seul, et qu’il en sera ainsi quand l’autre – sur et pour lequel il compte tant – sera parti ou ne pourra plus s’occuper de lui … par ailleurs, chacun de nous sait également que « son heure venue » il devra s’en aller seul.


Il y a, dès lors, une nécessité existentielle absolue de pouvoir « vivre sa vie » de manière autonome – la liberté individuelle n’est pas un luxe ! – tant sur les plans matériel et spirituel, si l’on veut garder sa vie en mains, plutôt que d’être maltraités par celle-ci. Voilà le côté plus libéral de notre existence … live and let die.


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Nous voilà confrontés à un jeu de polarités : d’un côté l’autonomie, la liberté mais aussi l’entière responsabilité de se paroles et de ses actes – je fais essentiellement référence ici à l’humanisme existentiel que Jean-Paul Sartre a développé bellement ;


de l’autre côté toute forme de protection qui émane de notre environnement : physique (pensez à la médecine), affective (pensez a la psychologie), intellectuelle (pensez à la science), sociale (pensez à la sécurité sociale) et spirituelle (pensez à la religion) … des sécurités et des certitudes …


dont nous savons tous très bien qu’elles ne sont pas certaines et ne nous garantissent pas la sécurité, mais que chacun désire s’il veut survivre en paix … mais qu’il met aussitôt de côté s’il veut jouir de son existence !


L’on veut ainsi une maison à soi et, en même temps, l’on voudrait être nomade, visiter et habiter d’autres lieux ; l’on veut de l’argent mais aussi du temps libre … mais time is money ! ; l’on veut un emploi stable et en même temps faire ce qui nous plait, ce qui s’avère souvent fort contradictoire ; l’on désire une bonne santé et pourtant l’on prend beaucoup de risques – bien manger et boire, sortir des nuits entières, se consacrer à l’alpinisme, à la spéléologie, rouler à moto, etc. ; l’on veut une relations stable et, en même temps, d’autres liens amitieux et professionnels qui nous bouffent tout notre temps ; l’on veut une vie sans disputes, sans contraintes, sans conflits, sans guerres, mais sans admettre que bien souvent c’est notre liberté qui empiète sur celle de l’autre, ce que cet autre à du mal à admettre …


il n’y a pas de fin à la longue liste des désirs d’autonomie et d’indépendance.


Et la seule chose que l’on peut faire est d’apprendre à jouer avec ces polarités, ce que fait tout petit enfant quand il se cache soigneusement tout en espérant ardemment être retrouvé.


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Nous rencontrons ces jeux des polarités dans la gestalt-thérapie de Frits Perls.


Les systèmes psycho-philosophiques orientaux en font un usage abondant … il suffit de penser au système de polarités Yin/Yang qui forment ensemble le Tao.


Et la psychologue Mélanie Klein nous entretient des clivages que l’on opère tous très tôt dans nos existences (la bonne et la mauvaise mère, etc.).


Le Life Coach sera attentif lorsqu’il aura à faire à des polarités – telles la dépendance et l’autonomie.


Il saura qu’il s’agit là de mécanismes de défense qui s’acquièrent très tôt dans l’existence et qu’il est ici question de rien moins que de vie et de mort.