Le manuel du Life Coach Analytique - Thème 10 : La dimension psychophysique

Jusque là, nous avons parlé de l’être voire de l’âme – mystérieuse présence au monde. Nous parlerons maintenant de notre corps concret avec lequel nous vivons vaille que vaille au quotidien.


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La question qui se pose d’emblée est de savoir si notre corps et notre âme vivent séparés ou non. Certains répondent positivement et prétendent que la différence entre les deux est radicale. D’autres cherchent une articulation entre les deux et nous parlent, par exemple, du psychosomatique.


Ce qui est à peu près certain pour la plupart d’entre nous, c’est qu’en chaque être humain l’on trouve ces deux ingrédients – le matériel et le spirituel – qui sont considérés comme étant compatibles ou non.


Et lorsqu’on prête attention à de mystérieuses paroles comme « et le verbe s’est fait chair et a vécu parmi nous », alors l’on se rend compte que ce qui est spirituel souhaite sa matérialisation … parce que l’être humain n’est pas pleinement nourri par la seule parole.


Et si l’on observe le processus de sublimation que nous décrit Sigmund Freud, alors l’on constate que ce qui est concret, matériel, souhaite sa spiritualisation … l’être humain éprouve le besoin de donner du « sens » à ce qu’il éprouve physiquement, à ce qu’il en fait ou évite d’en faire.


L’on peut ainsi dire que, par notre corps, nous faisons partie de la réalité concrète ; et que, par notre âme, nous faisons partie de la réalité spirituelle.


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Ce que je prétends, c’est que nos corps manifestent matériellement la présence de nos âmes au monde. Et que, dès lors, ce que j’appelle mon âme comprend mon corps physique.


Je prétends également que la distinction que l’on fait entre les expressions matérielles et spirituelles de notre âme est « quelque part » pathologique, dans la mesure où ils témoignent de notre morcellement …


de notre « schizé », de la faille qui nous isole de nous-mêmes et des autres, et qui nous rend très malheureux voire complètement fous.


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Wilhelm Reich est un psychanalyste freudien mais également un fervent marxiste. Dans la première moitié du siècle passé, il lutte pour l’émancipation du prolétaire. A l’aide de la psychanalyse, il extraira celui-ci de l’emprise du système capitaliste !


Ce prolétaire est enfermé à l’intérieur d’un système de contraintes via son corps ; c’est dans et sur con corps que sont marquées ces contraintes : ce à quoi on l’oblige et ce à quoi il s’oblige fut-ce inconsciemment.


Elles y sont marquées sous la forme de tensions musculaires et nerveuses qui constituent une cuirasse qui lui empêche de respirer librement et de jouir de l’existence – la jouissance suprême étant, pour Reich, l’orgasme qu’est incapable d’éprouver toute personne inféodée au système.


C’est ainsi que chacun de nous devra tâcher de se libérer de sa cuirasse physique – qui est la manifestation matérielle de la pression socioculturelle qui est exercée sur nous. Voilà le but final de la psychanalyse reichienne.


Wilhelm Reich prétendra que les situations pénibles que nous avons vécues – et qui ont influencées notre existence intellectuelle et affective – se retrouvent inscrites, ancrées, dans notre corps sous forme de tensions, d’attitudes, etc., qui nous empêchent de mener dignement notre vie.


La personne soumise à la férule du système contraignant développera un « caractère » qui s’exprimera entre autre par des tensions physiques. Ce caractère peut être transformé si l’on parvient à convertir les tensions qui le manifestent en paroles, cris, mouvements, etc.


Et chacun devra, finalement, apprendre à inspirer et à expirer la vie et, ce faisant, accumuler de l’énergie vitale – ce qui lui permettra, à terme, d’éprouver l’orgasme !


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Alexander Lowen, un élève et continuateur de Wilhelm Reich, a nommé sa discipline la bioénergie. Il vient une génération après Reich et laisse les aspects politiques de son approche psychophysique et psychosomatique de côté. Il fera de la bioénergie une sorte de discipline de vie.


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Le Life Coach observera attentivement la manière de respirer de son client. Il l’aidera à comprendre que tout ce qu’il n’a pu exprimer au moment adéquat, s’est ancré dans son corps. Et il l’encouragera à mettre des paroles ou des actes sur les tensions chroniques, sur les divers tics et manifestions caractérielles que lui et sont client auront découvertes de concert.


Il assistera son client lorsque celui-ci se sera finalement décidé à inspirer et à expirer un mode de vie lui procurant davantage de plaisir que l’ancien.