Le manuel su Life Coach Analytique - Thème 11 : La dimension psychoartistique

Dwight Winnicott, un psychanalyste anglais, élève et collègue de Mélanie Klein, est d’avis que le petit enfant expérimente la vie d’une manière bien étrange : chez lui sont liés inextricablement ce qu’il désire et ce qui est là.


Il pense que le pire qui puisse arriver au tout petit, c’est qu’il y ait une trop importante différence entre ce qu’il désire et ce qu’il obtient, parce qu’il n’est pas encore capable de supporter de trop grandes frustrations.


Quand, par exemple, le sein de maman n’apparaît pas régulièrement et « magiquement » précisément là où il désire le trouver, il s’éprouvera en danger de mort et se mettra à penser que sa vie dépend d’une forme de hasard sur lequel il n’a pas la moindre emprise.


Il faudra donc qu’il y ait une collaboration intense entre le monde interne subjectif du petit enfant et ce qu’il perçoit objectivement, si l’on veut qu’il fasse confiance au monde.


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Ces deux mondes – l’objectif et le subjectif – se rencontreront dans un espace transitionnel. Dwight Winnicott prétend que la plupart d’entre nous avons passé la plus grande partie de notre petite enfance, et que nous passons une importante partie de notre existence actuelle, dans cet espace.


Dans l’espace transitionnel, le bébé sera créatif. Il y inventera les objets transitionnels, par exemple le sein maternel, même s’il sait bien qu’il en existe un vrai « quelque part » au dehors. Et s’il détruit son invention mais constate que l’objet extérieur est toujours intact, alors, lentement, il se mettra à réaliser qu’il existe une « réalité » stable et indépendante de lui « là dehors ».


Et si les créations de bébé correspondent à la réalité objective, alors un lien se tisse entre celle-ci et son monde intérieur – ce qui lui permettra, à terme, de mieux supporter les frustrations qui surgissent lorsque les choses ne se déroulent pas selon ses désirs.


Si ce lien n’existe pas ou est faible, alors le tout petit risque de s’isoler dans un monde imaginaire sans lien avec la réalité objective extérieure. S’il fait cela souvent, il finira par séparer l’une de l’autre ses existences concrète et fantasmatique.


Dans ce cas-là, il aura peu de goût à investir sa créativité dans un monde extérieur qui lui paraîtra terne – il y sera souvent quelqu’un de gentil et d’inexistant. Dans ce cas-là, il ne vivra vraiment que lorsqu’il se trouvera en contact avec son monde privé, dans lequel il investira toute son énergie et tout son temps.


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Que se passera-t-il si le petit enfant a séparé son existence en deux et ne présente, dans le meilleur des cas, que la moitié de lui-même au monde extérieur ? Et quid si cela persiste jusqu’à un âge fort avancé, ce qui est bien souvent le cas ?


Alors, Dwight Winnicott nous recommande le moyen thérapeutique du « jeu ». Il nous dit qu’une personne qui joue développe peu à peu la capacité créative qui permet de mieux gérer ses univers intérieur et extérieur.


Il prétend ainsi que la psychanalyse est le jeu le plus subtil que l’être humain ait inventé dans le courant du 20ième siècle !


Dwight Winnicott nous dit également que l’espace transitionnel entre les mondes intérieur et extérieur deviendra plus tard l’espace où se dérouleront les événements culturels … entre rêve et réalité – un monde dans lequel l’on rencontrera toutes les formes de l’art, mais également tout ce qui concernera le fait religieux.


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Ce que nous dit Dwight Winnicott c’est qu’il vaut mieux pour le petit enfant que le « vrai-semblable » soit vrai, sinon l’on est plutôt mal barré. Et que cela ne devient réellement grave pour l’enfant – et pour l’adulte ultérieurement – si ce qui est « semblable au vrai » s’avère à chaque fois n’être qu’un « m’en songe » !


Parce qu’il est nécessaire pour nous de pouvoir y croire : l’on doit pouvoir faire confiance en quelque chose ou en quelqu’un, et pouvoir rester de bonne foi quoiqu’il arrive. Sinon, c’est l’isolement garanti, la mauvaise foi et le cynisme qui nous garderont prisonniers à l’intérieur d’une réalité peu créative au sein de laquelle notre âme aura beaucoup de mal à s’épanouir.


Et ce sont les diverses disciplines artistiques ainsi que la dimension religieuse et tout ce qui mobilise notre capacité créatrice qui nous permettront d’y croire à nouveau et d’avoir le courage de tisser de nouveaux liens entre nos perceptions objectives et subjectives du réel.


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Le Life Coach aidera son client à créer ce qui est, en fait, déjà là ; il l’aidera à nommer sa création et à la reconnaître.


Et, simultanément, il l’aidera à exprimer par des mots, des signes, des actes ou via tout autre support, ce qui est emprisonné à l’intérieur de lui.

Bref, le Life Coach aidera son client « comme en jouant » à harmoniser les mélodies de ses mondes intérieur et extérieur afin qu’il devienne le co-créateur de sa vie.