Le manuel du Life Coach Analytique - Thème 12 : La dimension psychoesthétique

Paul Schilder – à nouveau quelqu’un ayant rencontré Sigmund Freud – nous dit combien est importante pour nous « l’image » que nous avons de nos corps.


Il nous dit que la libido freudienne forme la base biologique de notre image du corps, et que l’énergie vitale que nous ressentons dans nos corps nous en donne le patron ;


que la dimension socioculturelle participe également à notre image du corps : nous sommes constamment en recherche d’une adéquation de notre image du corps à celle des autres qui nous entourent ;


et que nous ne sommes pas que des être biologiques et sociaux, mais également des êtres affectifs qui s’investissent émotionnellement dans des projets de vie impliquant nos corps : sans corps, pas moyen de ressentir quoi que ce soit ou d’élaborer des projets !


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Par ailleurs, l’ajustement permanent de notre image du corps aux réalités biologique, socioculturelle et affective, constitue un processus fort déstabilisant, dans la mesure où chaque modification de notre image du corps modifie notre corps même. Et inversement.


C’est ainsi que des parties blessées ou négligées de nos corps en influencent profondément l’image, ce qui peut être à l’origine de très sévères troubles psychologiques.


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Notre image du corps se forme au gré des contacts que nous avons avec le monde environnant, et elle se perfectionne constamment. C’est essentiellement avec les mains et les yeux que l’on apprend à connaître son corps. Et les autres nous aident à nous rencontrer par leurs yeux et leurs mains.


D’où l’énorme importance physiologique, psychologique et sociologique de toutes ces pratiques qui nous aident à nous découvrir et à ajuster notre image du corps à notre corps concret, à notre vie affective intime, ainsi qu’à notre environnement socioculturel.


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Paul Schilder dit également que notre organisme physiologique et affectif et son environnement ne peuvent être séparés l’un de l’autre, parce que nous les éprouvons simultanément …


et que le concept d’image du corps déplace les limites de l’organisme loin du corps concret, dans la mesure ou celui-ci appartient à la communauté des corps, et qu’il intègrera les images du corps de ceux qu’il fréquente.


Il nous recommande, finalement, de ne pas perdre notre propre image du corps, de ne pas la négliger, et de nous appliquer à l’éprouver comme un seul « tout », car à chaque image du corps correspond, pour bien faire, un seul corps et une seule personnalité.


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Pour toutes les personnes qui pratiquent le massage, l’esthétique, la chirurgie, bref pour tous les praticiens qui sont en contact avec le corps d’autrui et le modifient, ce que dit Paul Schilder est très important …


car ils ne modifient pas seulement le corps de leurs clients, mais ils en transforment l’image : c’est également l’image de leurs corps qu’ils massent, maquillent et entaillent !


Et cette image du corps est loin d’être uniquement physiologique : l’on masse, maquille et entaille l’existence affective de ses clients, mais aussi, fut-ce de manière indirecte, l’environnement entier de ses clients. Ce qui n’est pas rien !


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Le Life Coach soignera l’image de son propre corps, celle-ci se trouvant en permanence en contact avec les images du corps de ses clients.


Il se rendra compte que chacune de ses interventions modifiera dans une certaine mesure l’image du corps de ses clients, ce qui transformera parfois considérablement leurs existences.


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Le Life Coach tiendra également compte de ce qu’en psychanalyse l’on nomme la relation de transfert – même si le life coaching ne ressemble en rien à un processus psychanalytique orthodoxe, où le client projette sur son analyste une série d’affects plus ou moins agréables qui seront analysés en cours de démarche.

En life coaching, le praticien fera davantage partie de la vie de ses clients, même si sa tâche se limitera au coaching, soit à « l’accompagnement de la vie » de ceux-ci vers une forme de plus et de mieux-être.


Il n’en reste qu’il représentera pour ses clients celui qui a déjà parcouru le chemin sur lequel il les guide, celui qui connaît déjà ce qu’ils ne peuvent encore que désirer.


Ce qui fait qu’ils auront tendance à accueillir des parties de l’image du corps de leur Life Coach, ce qui n’est pas forcément mauvais, quoique … bref, la prudence et le doigté sont ici de mise !